Pas toujours innocent

Coquin serait peut-être le meilleur moyen de décrire les figures de Yoshitomo Nara. À première vue, elles semblent mignonnes et innocentes. Jusqu'à ce qu'en y regardant de plus près, des côtés sombres apparaissent ici et là chez ces garçons et filles. Dépeints avec des couteaux, des torches enflammées, des cigarettes ou en train d'uriner, ce sont de petits rebelles plutôt que des anges innocents.

Nara grandit dans le nord du Japon. Cadet d'une fratrie de trois frères avec des parents travailleurs, son enfance est marquée par la solitude. Il trouve de la compagnie dans les bandes dessinées japonaises qui l'inspirent sur le plan artistique. Influencé en partie par la musique punk rock et les médias américains, Nara étudie à l'université des arts d'Aichi. Il part ensuite en Allemagne pour développer ses ambitions artistiques à l'Académie d'art de Düsseldorf.

Autour des années 2000, Nara commence à s'associer au mouvement postmoderne Superflat. Il s'agit d'un mouvement artistique fondé par plusieurs artistes japonais d'avant-garde. Ils utilisent des couleurs vives et des motifs de dessins animés japonais pour explorer la culture hypermarchande et hyperconsumériste de leur pays. L'interprétation de ce mouvement par Nara se manifeste par la représentation de jeunes enfants, souvent dotés de grosses têtes. Ces personnages, tour à tour timides, agressifs, pensifs, fragiles et forts, comptent parmi les images les plus populaires de ces 30 dernières années.

La petite œuvre présentée ici, qui date de 1992, est une œuvre précoce de l'artiste. Il l'a réalisée pendant ses années d'études à Düsseldorf, de sorte que les influences du néo-expressionnisme et du punk rock sont encore évidentes. Il suffit de regarder l'utilisation de couleurs vives, quelque peu artificielles, et les lignes rugueuses.