Une colonne triomphale moderne

Comme une colonne triomphale moderne, cette Colonna I d'Arnaldo Pomodoro s'impose dans l'espace. Avec une hauteur de près de deux mètres et demi et une patine dorée éblouissante, cette sculpture exige à être regardée. La colonne est une structure brisée, dont les parties supérieure et inférieure sont lisses et brillantes, tandis que la partie centrale présente une structure rugueuse et rythmée. Un contraste tendu entre la perfection et le chaos, le calme et l'agitation, la civilisation et l'anarchie.

Ces contrastes mettent les spectateurs à la recherche d’un contenu et d’une histoire, tout comme l’on cherche dans une colonne triomphale classique. Pensez à la colonne de Trajan à Rome, qui représente l'histoire de la victoire romaine contre la Dacie rebelle. Pourtant, aucune histoire héroïque n'est perceptible dans les structures de Pomodoro. Seules des rangées de formes géométriques sont exposées. Des signes et des symboles mystérieux, dont on s'attendrait presque à ce qu'ils représentent le langage secret d'une civilisation encore inconnue dans un passé lointain. Cependant, ce mélange de formes semble également faire référence à des installations industrielles ou électriques modernes.

Colonna marque la quête de Pomodoro dans la réalisation de formes tridimensionnelles qui a commencé dans les années 1960. À partir de ce moment-là, il se concentre de plus en plus sur la production de sculptures autoportantes, telles que des cubes et des sphères. Des objets qui occupent délibérément, et parfois de manière provocante, un espace qui leur est propre. Pourtant, ce sculpteur italien revient régulièrement au motif puissant de la colonne. Cette forme classique est l’une de ces premières sculptures libres et lui apporte une reconnaissance artistique.