Kati Heck
Allemagne / 1979
Dreimal Selbst mit Magier (2016)
Détails
Huile, craie et encre sur toile
Monogramme 2016
240 x 200 cm
Commentaire
Le théâtre de Kati Heck
Bienvenue au théâtre de Kati Heck. Ou est-ce un cabaret ? Avec un sens vibrant de la couleur et du détail, l'artiste d'origine allemande nous invite dans un monde imaginaire tout à fait personnel, construit d'images de rêves et de visions oniriques. Nous entrons dans une histoire mise en scène avec précision à travers laquelle résonnent des souvenirs de la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit) et du surréalisme. En attendant, Heck se sert avec grande habilité de la culture populaire contemporaine. Attentif aux choses ordinaires comme elle l’est, quelque chose d'apparemment banal comme un cornichon se faufile dans la scène. Une fausse prise semble-t-il. Kati Heck fait basculer la réalité. Très vite le grotesque prend le pas sur le banal et nous nous retrouvons dans une extravagante parabole à fin ouverte.
L'humour ou l'autodérision ne sont pourtant jamais loin. Rarement les balades sont juste sombres ou terrifiants sans équivoque. C'est comme une soirée éméchée qui est allée un peu trop loin. Avant de vous en rendre compte, vous vous retrouvez dans un conte de fées. Le lendemain matin, vous ne vous souvenez que de fragments de la conversation avec le sorcier.
Le sorcier dans ce cas est Kati Heck elle-même. Décapitée, elle nous offre sa propre tête tandis qu'une autre version d'elle-même se penche en arrière, une demi-bouteille de vin à portée de main. Elle se balance au bord du sommeil, le no man's land où tout est réalité. Un agréable délire se déroule sous nos yeux. Nous rencontrons Heck une troisième fois sous les traits d'un loup, maladroit, renversé, pas plus gros qu'un rat sur le dos. Pendant ce temps, le porteur de l'histoire, la toile, a pris vie avec le conte. Le drapé touche le sol, comme un rideau de scène qui s'impose avec les personnages. Bienvenue au théâtre de Kati Heck. Que le spectacle commence !
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01 / 10