L'artiste crée l'histoire

Rinus Van de Velde

Une histoire fictive, mi-vérité et mi-fantasme, se révèle dans ce dessin monumental au fusain de Rinus Van de Velde. L’artiste slash pseudo-historien fouille dans le passé à la recherche de détails biographiques de personnages réels, auxquels il mêle une bonne dose de fantaisie. Ses créations forment plusieurs séries d’histoires séparées qui sont interconnectées, faisant de l'œuvre de Van de Velde un univers englobant.

Ses dessins suggèrent des voyages lointains dans le temps et l'espace, même si Van de Velde ne voyage pas beaucoup. C'est un aventurier entre les murs de son atelier : le laboratoire d'idées où jailliront des œuvres d’art à partir de matériel photographique, de décors mis en scène et d'une imagination débordante. Le fusain, pâteusement appliqué avec des traits tactiles et des lignes en noir et blanc, compose des fragments dramatiques à caractère cinématographique, tendant vers un documentaire.

Rinus Van de Velde - "Untitled" (2010)

Portrait de Vladimir Maïakovksi par Alexandre Rodchenko in 1924

L'œuvre proposée ici fait partie de la série de Van de Velde sur le poète russe Vladimir Maïakovski (1893-1930). Dans la période précédant la Révolution d'Octobre, Maïakovski était une figure éminente du futurisme. A partir de 1917 ses écrits soutiendront le parti communiste dans. Après son suicide (contesté), Joseph Staline le louera comme « le meilleur et le plus talentueux poète de notre ère soviétique ».

Caspar David Friedrich - "Le voyageur contemplant une mer de nuages" (vers 1818)

Van de Velde enfile des suggestions et des références pour arriver à une forme unique de narration visuelle. Ce dessin montre-t-il le sommet Maïakovski ? Le pic de plus de 6 000 mètres d'altitude situé dans les montagnes du Pamir au Tadjikistan a été nommé ainsi en 1947 par les alpinistes soviétiques en l'honneur du poète. En même temps, la composition fait allusion à la vue emblématique sur la montagne de l’allemand romantique Caspar David Friedrich. « Untitled » (2010) contient de nombreuses couches dans lesquelles la réalité et la fiction entrent en dialogue, invoquant la mémoire collective du spectateur et sa capacité d'imagination.